13 mars 2007

S&F : la critique d'A.Maffra


Une «fucking» de comédie trash

Simon Delétang cogne dur avec le bien nommé «Shopping and fucking» de Ranvenhil.
Jusqu'au 29 mars au Théâtre des Ateliers


Attention certaines images peuvent heurter les spectateurs.
L'avertissement affiché à l'entrée du théâtre des Ateliers n'est pas
vain. « Shopping and fucking » tranche dans le vif. La cruauté du
langage, la lisibilité des rapports sexuels et la violence de certaines
scènes tournent le dos à la suggestion.

Mais la pièce écrite en 1996 par Mark Ranvenhil ne choquera que
ceux qui refusent de voir la réalité d'un monde soumis à l'empire de
l'argent et l'idéologie de l'immaturité. Un monde où les êtres aspirent
à être des esclaves pour ne pas assumer leurs responsabilités. Un monde
qui aurait aboli les frontières sexuelles, même si l'auteur penche plutôt vers l'homosexualité.

Mark, un junky cherche à rompre avec son passé. Gary, un
adolescent qui fantasme sur un viol fatal. Robbie, un oublié de
l'amour. Brian, un prédicateur du Dieu argent. Et Lulu, la seule femme,
la seule peut-être à avoir la tête sur les épaules. Pour ces cinq personnages, la violence devient une forme de revendication. Simon Delétang accompagne leur descente aux enfers dans une mise en scène
dépouillée qui s'appuie sur l'engagement physique de ses comédiens,
vociférant leur haine et leur amour, avec l'énergie du désespoir.

Cinq comédiens exemplaires
L'ancien élève de l'Ensatt qui avait déçu avec « Woyzeck » de
Büchner au Point du Jour, signe ici un spectacle exemplaire qui cogne
dur. S'il refuse de tout montrer, préférant la poésie d'un Genet à la
gratuité de certaines images suggérées par les didascalies, il ne
refuse pas le combat avec ce texte auquel Valérie Marinese, issue de
l'Ecole de la Comédie de Saint-Etienne, et ses partenaires François
Rabette, François Godart, Mathieu Besnier et Thomas Poulard, tous les
quatre issus de l'Ensatt, apportent leur concours précieux. Cinq comédiens de qui Simon Delétang exige l'impossible et qui l'obtient.

A. M.

Le site du Progrès.

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