13 février 2007

Steve Jobs fait le malin



Le boss d'Apple a publié sur le site de son groupe un article exprimant son point de vue sur le probleme posé par les DRM qui, en gros, révèle son changement radical de position. Jobs se veut aujourd'hui la figure de proue de la lutte anti-DRM...
Ce nouveau positionnement est assez intéressant, et son article permet de comprendre ce qu'implique l'existance et/ou la suppression des DRM dans le domaine du téléchargement légal.
Deux possibilités pour découvrir l'intégralité de cet article tant commenté dans la presse :
en VO, en cliquant sur l'image qui vous emmenera direct sur le site d'Apple,
en VF, puisque j'ai sauté sur l'occasion pour entretenir mon anglais en en faisant un vraie traduction ; celle ci risque de se montrer approximative. Si certains d'entre vous trouvent des non sens voire pire des contradictions par rapport à l'original faites le moi savoir.


Thoughts on music

Suite à l’incontestable succès mondial de l’iPod d’Apple et de son site de vente de musique en ligne iTunes Store, certains ont appelé Apple à ouvrir sa gestion de protection DRM (Digital Rights Managements) utilisé pour protéger la musique téléchargée légalement, ce qui permettrait la lecture de titres achetés via iTunes sur des lecteurs d’autres fabricants et à l’inverse à la musique protégée achetée sur d’autres sites d’être lue sur un iPod.
Examinons la situation actuelle et comment nous en sommes arrivés là avant d’analyser trois alternatives possibles pour l’avenir.

Pour commencer, il parait utile de rappeler que tous les iPods peuvent lire de la musique libre de DRM et encodée en formats ouverts sous licences comme le MP3 ou l’AAC. Les utilisateurs d’iPods peuvent donc écouter de la musique de différentes provenances y compris de leur propre cédé thèque. La musique contenue sur un CD audio peut facilement s’importer via le logiciel jukebox gratuit iTunes qui fonctionne aussi bien sur Mac que sur PC, et qui encode automatiquement sans DRM en format MP3 ou AAC. Ces morceaux peuvent êtres lus sur un iPod ou sur n’importe quel autre lecteur supportant ces formats ouverts.

Il n’en va pas de même pour la musique vendue par Apple sur son site de vente en ligne, iTunes Store. Étant donné qu’Apple ne possède ni ne contrôle la musique en elle même, elle doit obtenir des licences pour distribuer la musique des autres, en premier lieu les quatres principales majors : Universal, Sony BMG, Warner et EMI. Ces 4 groupes représentent à eux seuls plus de 70% du marché mondial de la musique.
Lorsqu’Apple demanda à ces majors le droit de distribuer leur catalogue de façon légale sur internet, elles ont voulu des cautions et ont demandé à Apple de protéger la musique de la copie illégale. La solution fut de créer un système DRM dotant chaque titre téléchargé légalement sur iTunes d’un verrouillage numérique secret empêchant sa lecture sur les équipements non autorisés.
Apple arriva à négocier des droits d’usage comprenant la possibilité pour les utilisateurs d’écouter leur musique protégée par DRM sur 5 ordinateurs différents ainsi que sur un nombre illimité d’iPods. Obtenir de tels avantages de la part des majors était alors et reste sans équivalent parmi les accords passés avec d’autres vendeurs en ligne. De par le fait, un élément clé de ces contrats avec les majors est qu’en cas de dysfonctionnement de notre système DRM permettant à leur musique d’être lue sur des appareils non autorisés, nous n’avons que quelques semaines pour régler le problème sans quoi elles seraient en droit de retirer entièrement leur catalogue de notre iTunes Store.

Pour éviter les copies illégales, les systèmes DRM doivent permettre uniquement aux équipements autorisés la lecture du fichier audio protégé. Si une copie d’une chanson DRM est envoyée sur internet, elle ne doit pas pouvoir être lue par l’ordinateur du destinataire ou sur son lecteur portable.
Enfin, un système DRM est basé sur le secret. Il n’y a pas de protection possible sans la notion de secret à garder. En d’autres mots, même en utilisant le système de cryptage le plus sophistiqué, on devra toujours cacher des clés capables de déverrouiller la musique sur d’autres ordinateurs ou lecteurs portables. Personne n’a jamais conçu de système DRM ne dépendant pas de secret garantissant son fonctionnement

Le problème est bien sûr qu’il existe beaucoup de gens malins sur terre, disposant de suffisamment de temps et adorant découvrir de tels secrets et les publier pour faire profiter tout le monde de musique gratuite et volée, le plus souvent avec succès, obligeant ainsi les sociétés essayant de protéger leur musique à utiliser des systèmes DRM de plus en plus fréquemment mis à jour avec des données secrètes de plus en plus complexes à déjouer. C’est le jeu du chat et de la souris.
Le système DRM mis au point et utilisé par Apple s’appelle FairPlay.
Bien qu’ayant eu quelques soucis avec FairPlay, nous avons pu les regler en mettant à jour l’iTunes Store, le logiciel iTunes ainsi que le logiciel interne des différents iPods.
Dans la mesure du possible nous avons respecté nos engagements vis-à-vis des majors tout en laissant au consommateur le plus de libertés possible parmi les différentes offres de téléchargement légal de musique.


Compte tenu de tout ceci, explorons maintenant 3 alternatives possibles dans l’avenir :

- La première consiste à continuer telle quelle la course actuelle dans laquelle chaque constructeur se bat avec son système propriétaire de vente, d’utilisation et de protection de la musique. C’est un marché très compétitif dans lequel les multinationales investissent beaucoup pour développer de nouveaux lecteurs et services de vente en ligne. Apple, Microsoft et Sony se battent chacun avec leur propre système. La musique achetée sur le Zune Store de Microsoft ne se lira que sur un Zune ; celle achetée sur Sony Connect ne se lit que sur les walkman Sony, et celle obtenue sur l’iTunes Store ne se lit que sur l’iPod.
Il s’agit de la situation actuelle dans laquelle le consommateur semble disposer d’un large choix parmi plusieurs produits innovants.
Certains disent que lorsqu’un client se procure un titre par l’intermédiaire d’un vendeur en ligne propriétaire, celui-ci se retrouve obligé d’utiliser le lecteur proposé par cette marque. De même, si le client achète un lecteur particulier, il se retrouve obligé d’acheter sa musique chez le vendeur en ligne du fabricant. Est-ce vrai ? Jetons un œil sur les chiffres concernant l’iPod et l’iTunes Store (ils représentent les produits les plus populaires sur ce marché et nous connaissons les statistiques les concernant). Depuis fin 2006, 90 millions d’iPod ont été vendus ainsi que 2 Billions de chansons sur iTunes. Cela représente 22 chansons téléchargées via iTunes pour chaque iPod vendu.
Actuellement les iPods les plus vendus ont une capacité de 1000 chansons, et les études menées montrent que ceux-ci sont la plupart du temps presque pleins. Cela signifie que 22 chansons sur 1000, soit seulement 3% de la musique contenue sur un iPod lambda, seraient capables d’empêcher les consommateurs de n’acheter que des iPods dans l’avenir. Et de fait, 97% de la musique contenue dans les iPods ne provenant pas de l’iTunes Store, les clients de ce service en ligne ne sont pas limités à iTunes pour se procurer leur musique.

- La deuxième alternative serait pour Apple de créer une licence sur son propre système DRM, appelé FairPlay, le rendant ainsi accessible à ses concurrents actuels et à venir dans le but de généraliser l’interopérabilité entre les lecteurs et sites de téléchargements des différentes compagnies. A priori, cela paraît comme une bonne idée puisqu’elle offre au consommateur un choix considérable. Pourtant, à y regarder de plus près, des problèmes apparaissent. Le principal écueil est que le fait de permettre une licence sur un système DRM revient à mettre à disposition de beaucoup de gens dans beaucoup d’entreprises des informations sensibles sur celui-ci, et l’histoire nous a montré qu’inévitablement ces secrets seront dévoilés, Internet ayant créé tant de dommages dans ce domaine compte tenu du fait qu’une fuite peut se répandre dans le monde entier en moins d’une minute. De telles informations rendues publiques résulteraient rapidement en téléchargements gratuits de logiciels capables de désactiver les protections DRM, permettant ainsi la lecture de titres protégés sur des lecteurs non autorisés.

L’autre problème tout aussi important est comment réparer les dommages dans un tel cas. Une réparation efficace impliquerait une mise à jour des programmes des sites de vente en ligne, des logiciels de lecture et des lecteurs avec les nouveaux codes, le transfert de tout cela à travers les dizaines de millions de Macs, PC et lecteurs en circulation, tout cela da façon rapide et donc extrêmement coordonnée. Une telle opération étant déjà compliquée lorsqu’une seule compagnie contrôle tous les paramètres, elle sera quasi-impossible si beaucoup d’entreprises distinctes contrôlent différentes pièces du puzzle, toutes devant agir de concert pour réparer les dommages dans ce type de situation.

Apple a conclu qu’en autorisant des licences FairPlay aux autres, l’entreprise ne pourra pas garantir plus longtemps la protection de la musique dont elle a obtenu les droits de distribution de la part des 4 grosses majors. Peut-être cette même analyse a-t-elle influé sur la décision récente de Microsoft de transformer leur projet de licence de système DRM ouvert en un modèle clos en proposant un site de vente propriétaire, un logiciel jukebox propriétaire ainsi qu’un lecteur propriétaire.

- La troisième alternative possible est de supprimer complètement les DRM. Imaginez un monde dans lequel n’importe quel magasin de musique en ligne vendrait de la musique sans DRM encodée en formats ouverts sous licences. Dans un tel monde, tout lecteur pourrait lire toute la musique achetée sur n’importe quel site, et n’importe quel site pourrait vendre de la musique lisible sur tout lecteur. C’est clairement la meilleure option du point de vue du consommateur. Si les 4 majors permettaient à Apple de vendre leur musique sans la contrepartie du DRM, nous vendrions immédiatement de la musique libre de DRM sur iTunes. Tout iPod déjà existant pourrait bien sûr lire cette musique.

Pourquoi les majors permettraient à Apple et aux autres de vendre leur catalogue sans DRM pour le protéger ? La réponse la plus simple et que les DRM n’ont pas marché et ne marcheront jamais pour freiner le piratage. Pensez que pendant que ces majors exigent la protection DRM sur tous leurs titres vendus en ligne, elles continuent de vendre des billions de CD par an contenant de la musique non protégée. C’est vrai ! Aucun système DRM n’a jamais été développé pour les disques, toute la musique distribuée sur les CD peut être facilement uploadée sur le web et donc (illégalement) téléchargée et lue sur n’importe quel ordinateur ou lecteur.

En 2006, moins de 2 Billion de titres protégés par DRM ont été vendus par les vendeurs en ligne tandis que plus de 20 Billions de titres ont été vendus sans aucune protection DRM ou autre, sur CD, par les majors elle mêmes. Ces compagnies vendent la grosse majorité de leur catalogue sans DRM, sans montrer quelque volonté de changer cette situation, étant donné que la grosse majorité de leurs revenus provient de cette vente de CD pouvant se lire sur des platines ne gérant pas les DRM.

Si les majors vendent plus de 90% de leur musique sans DRM, quel bénéfice trouvent-elles à vendre le maigre pourcentage restant en l’encombrant de systèmes DRM ? Apparemment aucun. Car l’expertise technique et les moyens requis pour créer, gérer et garder à jour un système DRM ont limité le nombre d’acteurs s’impliquant dans la vente de musique protégée.
Si de tels obstacles tombent, l’industrie musicale connaîtrait un essor de nouvelles entreprises souhaitant investir et innover dans le domaine de la vente en ligne et des lecteurs audio-numériques. Cela ne peut être que positif pour les majors.

La plupart des acteurs concernés par les DRM sont basés sur le territoire européen. Peut-être ces entreprises mécontentes de la situation actuelle pourraient elles concentrer leur énergie pour persuader les majors de vendre leur musique sans DRM.
Pour les européens, 2 majors et demi sont localisées à la porte d’à coté. La plus grosse, Universal, est détenue à 100% par Vivendi, un groupe français. EMI est britannique et Sony BMG appartient à 50% à Bertelsmann, groupe allemand.
Convaincre ces majors de permettre, à Apple et aux autres, la distribution de leur catalogue sans aucun système DRM créera un marché de la musique numérique réellement intéropérable.
Apple a la ferme intention de s’y atteler.

Steve Jobs
Traduction Minijul.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

mais ça va pas la tête!!!

Grégou a dit…

Julien, c'est génial! Tu es le seul que je connais que ça intéresse et qui aime perdre du temps à traduire ça! Je kiffe! je suis fan!
P.S: en ce moment sur les blogs je suis taillant, cassant et cynique! Attention à vous bloggers!