Rentrée télé : France 2 à chier

France 2, comme on pouvait s’y attendre, nous fait quand même une rentrée bien pourrie.
En ce qui me concerne, je ne suis pas bien surpris. Comme disait Dewey dans un épisode de Malcolm : je ne m’attendais à rien mais je suis quand même déçu.

Dans l’Arène de France, Stéphane Bern ressuscite inutilement un format qui avait heureusement presque disparu de la télé française : le débat-pugilat-de-deuxième-partie-de-soirée. Je ne rappellerai à nos bons souvenirs que les figures de proue d’un genre qui a connu son apogée à la fin des années 90 sur TF1 : Comme un lundi, de C.Dechavanne, J’y crois j’y crois pas de T.Kiefer ou, plus récemment A tort ou à raison, de B.Tapie, dernier exercice en date dans ce domaine de la chaîne privée.
L’Arène de France reprend donc les principaux ingrédients du format : un débat de société très compliqué mais résumé en une question (par exemple : faut-il donner tous les droits aux homos ? une femme peut-elle diriger la France ? ), des gens farouchement « pour », des gens farouchement « contre » (attention, bien choisir des gens aux extrèmes, qui n’en démordront pas, afin d’être sur que le débat ne soit pas constructif), un public autorisé à faire « wooo ! » ou à applaudir à toute belle phrase….
Pour faire nouveau et moderne, Stéphane Bern a mis des boutons de vote à chaque spectateur et un faux standard qui pose des questions humoristiques qui, en général, tombent comme un cheveux sur la soupe.
A la fin, deux mauvais avocats font des plaidoiries à deux francs six sous pour chaque camp, on se croirait dans Tribunal, c’est à peine si Yves Vincent arrive pour interpréter le juge Garonne.
Comme l’exigent les règles de l’exercice de style auquel tous les intervenants se plient pour passer à la télé et vendre leur bouquins, l’important c’est que ça gueule, que les arguments les plus pauvres, agressifs, provoquant et inutiles soient utilisés des deux côtés, ceci afin que le schmilblick reste bien en place.
Vous l’aurez compris, c’est insoutenable, à chier, une des émissions les plus minables dans le genre, qui en plus a l’odieuse manie de se revêtir d’un semblant d’habillage de vertu démocratique : à gerber.

Si on ne veut pas veiller tard pour dégueuler, pas de problème, France 2 peut vous faire rendre votre repas dès le début d’après midi avec Toute une histoire.
Jean-Luc Delarue a donc trouvé le maillon (faible) entre C’est mon choix et Ca se discute.
Oui, vous avez raison, il n’y avait rien d’urgent mais c’est ainsi.
Il tombe la veste donc, et reçoit sur son canapé violet le fond de catalogue de témoins de Réservoir Prod, véritable cour des miracles des temps modernes. Le but, ici, est de faire pleurer dans les chaumières, gros plans sur les yeux aux bords des larmes, silences appuyés et regards compréhensifs de Jean-Luc, confesseur concerné, souvent ému par des histoires de maladies, de tromperies, de pertes de proches, de passions dévastatrices, de modes de vie destructeurs… Entrecoupée d’appels à témoin et du sommaire du lendemain, l’émission joue sur sa quotidienneté et parviendra je pense assez facilement à fidéliser un public délaissé depuis l’arrêt de C’est mon choix. Malheureusement.

France 2, donc, non contente de poser des bouses en début d’après midi et en deuxième partie de soirée, a également chié dans la colle en fin d’après midi.
Après La Cible, le seul jeu potable de la chaîne, déplacé à 17h et remis à Marie-Ange Nardi qui s’en sort pas trop mal malgré un petit aspect cul-cul qu’on lui connaît, j’ai découvert avec effroi Un Monde presque parfait.
Olivier Minne est tellement fidèle à sa chaîne qu’il a accepté cette mission kamikaze. Il présente tous les jours cette émission qui mériterait à peine d’être diffusée sur une grille estivale. Il s’agit ni plus ni moins que d’un ramassis d’images insolites et de bêtisiers en tout genre du monde entier, rassemblés selon de vagues dossiers aux thèmes capilotractés et commentés laborieusement par notre ami qui parle, parle, parle, fait des blagues vaseuses même pas drôles et semble s’essayer ici, en vain, au difficile exercice du stand up.
Les principaux écueils de cette émission à chier sont l’absence de rythme et surtout le fait que les images diffusées aient été déjà vues environ des milliers de fois dans d’autres émissions fourre tout du même acabit et de triste mémoire (Les bêtises de Mr Pierre, Incroyable mais vrai…). Par exemple, pour les politiques, on a vu Krasuki qui se gourre dans les chiffres, Barre qui s’endort à l’assemblée, Giscard qui dit au revoir, Lang qui choisit sa cravate avant un direct… Le jeu consistait en fait à deviner les images qui allaient passer et ce jour là j’ai presque tout trouvé ! L’autre jour, c’était sur les animaux, alors on a revu l’intégrale d’Alain Bougrain Dubourg mais on a pas vu le lion de Marie-Ange Nardi.
J’éprouve beaucoup de sympathie pour Olivier Minne, mais là franchement, je ne lui trouve aucune excuse.

Je ne trouve également aucune excuse à Patrick de Carolis pour cette rentrée de France 2 qui fait que France 2 reste France 2 : une honte intégrale pour le service public.
Car, je vous rappelle les émissions maintenues qui deviennent de moins en moins regardables comme Ca se discute ou On a tout essayé qui permet quand même de connaître l’avis de Steevy Boulet, Gerard Miller ou encore Christine Bravo sur des livres et des films qui sortent ou, pire, sur des sujets d’actualité, voir politiques : à hurler !
Tant qu'on parle de Ruquier, je n'aborderai que sommairement On est pas couchés, une émission en gros identique à Tout le monde en parle, complètement irregardable et insoutenable, remplie de peoples en promo et d'humoristes pas drôles. Même si tout cela, rappelons le, remplace Ardisson viré en fin de saison dernière, ce n'est qu'un vague resucé de l'ancienne émission qui , rappelons le si besoin, était à chier.
Rajoutez par-dessus le nouveau décor du 20h, définitivement indissociable de celui de TF1, à l’image de la mission qui est donnée à sa rédaction : courir derrière la chaîne privée, y’a quand même de quoi jeter sa télé par la fenêtre.

Heureusement, nous ne nous comportons pas en « téléspectateurs TV magazine », c’est-à-dire que quand une émission à chier ne nous plait pas, on change de chaîne ou on fait autre chose, on ne continue pas en écrivant une lettre au courrier des lecteurs du supplément télé PQR en commençant par « Messieurs les programmateurs….